Il y a 80 ans… Le Berger d’Israël (BI 581)

J’en conviens volontiers, il faut déjà avoir atteint un âge respectable pour espérer se souvenir avec précision de l’année 1936. Et encore ! Se souviendrait-on si aisément de ce qui s’est passé le jour de sa naissance, quatre-vingts ans après ?

S’agissant du Berger d’Israël, il m’a été bien difficile de disposer d’éléments précis de cette période où quelques hommes et femmes, Juifs messianiques et chrétiens, choisirent de répondre à l’appel de Dieu pour donner « naissance » à l’œuvre du Berger d’Israël.

Parcourant les écrits retraçant cette époque et les premiers pas du Berger d’Israël, j’ai d’abord été frappé par le curieux « attelage », plutôt inédit dans notre pays, réunissant croyants juifs et non-juifs en Yéchoua’ marchant ensemble pour rendre témoignage du Messie juif à des hommes et des femmes que beaucoup à ce moment-là méprisaient au plus haut point.

À contre-courant de la société française des années 30, des chrétiens baptistes unissaient leurs efforts avec des Juifs messianiques pour venir en aide à des Juifs venant d’Europe de l’Est et fuyant toutes sortes de pogroms.

Était-ce le fruit d’un mariage de raison ? L’aboutissement d’une longue gestation ? Un pas de foi insensé ? Un témoignage d’amour désintéressé ? Un juste « retour » d’une bénédiction reçue ?

Sans doute un peu de tout cela en même temps. Ce que je retiens en premier lieu est l’engagement de ces croyants, par la suite au péril même de leurs vies, pour « sauver », dans tous les sens du terme, des Juifs dont ils ne parlaient pas même la langue.

Quels étaient leur motivation profonde et le moteur de leur appel ? Voilà ce qui m’interroge à présent, plongé au cœur du même ministère 80 ans après. Aujourd’hui, en 2016, il y a des faits et des circonstances sombres qui résonnent comme un écho lointain à ce passé. Surgira-t-il alors les mêmes sentiments et élans de solidarité ?…

Certes, les temps ont changé. Il y a eu peu après le drame de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah, puis la création de l’État d’Israël et la réunification de Jérusalem, enfin une succession de guerres, d’attentats, de discussions stériles, etc. À tout considérer, cela fait beaucoup d’évènements pour une si relative période.

Cela dit, avec le recul et notre connaissance de l’histoire, on se demande si 1936 était en définitive la meilleure année pour commencer un ministère de témoignage et de soutien auprès des Juifs en France.

Avec la montée de l’antisémitisme en Europe, des nationalismes et des fascismes, sans oublier les bruits de bottes aux frontières du pays, les conditions de démarrage d’une œuvre auprès des Juifs ne s’annonçaient pas des plus faciles.

Les pionniers de l’œuvre à cette époque en avaient-ils bien conscience ? Leur vision s’arrêtait-elle à l’urgence du moment ou voyaient-ils plus loin, quelque chose d’encore imperceptible ?

Quels qu’aient pu être les fondements de leur appel et de leur vision, je suis convaincu qu’ils ne peuvent pas avoir changé et qu’ils sont peut-être à redécouvrir en cette année anniversaire du Berger d’Israël.

Quel est donc l’avantage de celui qui a vécu par rapport à celui qui commence seulement dans la vie ?… Celui qui a vécu considère le passé et nourrit sa reconnaissance envers Dieu par toutes les belles promesses que Dieu lui a fait voir s’accomplir.

Il nourrit la même espérance et la même confiance pour celui qui débute dans la vie et qui lui, fait un pas de foi dans ce qui va lui arriver et qu’il ne connaît pas encore.

L’un des moteurs les plus puissants de nos vies est la confiance absolue dans les promesses que Dieu a faites. Il n’est pas menteur comme les hommes et ce qu’Il annonce se produit inéluctablement. La création elle-même n’est-elle pas le produit de sa seule parole ? Il dit… et la chose arrive.

Si les hommes ont bien souvent rejeté les paroles des prophètes, ce n’était pas que ces dernières étaient trop peu fiables, ou parce que Dieu n’avait pas fait ses « preuves ». C’est parce qu’ils ne souhaitaient pas se soumettre à leur créateur, celui-là seul qui avait le pouvoir de les racheter. Les Juifs esclaves du pharaon depuis 4 siècles espéraient-ils encore connaître le Salut ?… Les exilés à Babylone pensaient-ils un jour revoir Jérusalem ?… Et les Judéens opprimés par les Romains faire la rencontre du Messie ?…

Et que dire des hommes de notre temps ?… Qu’attendent-ils encore des promesses de Dieu ?…

Dieu se serait-il trompé en permettant qu’un État d’Israël renaisse ?… La souveraineté retrouvée sur Jérusalem est-elle le fruit illégitime d’une guerre fomentée depuis longtemps ?…

N’est-ce pas parce que tous ces faits, et bien d’autres se sont produits dans des circonstances hautement improbables, que nous comprenons que Dieu a un plan qui nous dépasse et des promesses qu’il accomplit en son temps ?… Et si c’est bien Dieu qui accomplit tous ces signes, alors nous comprenons peu à peu ses desseins et nous accomplissons une œuvre que notre entourage ne peut comprendre.

Isaïe 11 :

10 En ce jour, le rejeton d’Isaïe sera là comme une bannière pour les peuples ; les nations se tourneront vers lui, et la gloire sera sa demeure. 11 Dans ce même temps, le Seigneur étendra une seconde fois sa main, pour racheter le reste de son peuple, dispersé en Assyrie et en Égypte, A Pathros et en Éthiopie, A Élam, à Schinear et à Hamath, et dans les îles de la mer. 12 Il élèvera une bannière pour les nations, Il rassemblera les exilés d’Israël, et il recueillera les dispersés de Juda, Des quatre extrémités de la terre. 13 La jalousie d’Éphraïm disparaîtra, et ses ennemis en Juda seront anéantis ; Éphraïm ne sera plus jaloux de Juda, et Juda ne sera plus hostile à Éphraïm. (…) 15 L’Éternel desséchera la langue de la mer d’Égypte, et il lèvera sa main sur le fleuve, en soufflant avec violence : Il le partagera en sept canaux, et on le traversera avec des souliers. 16 Et il y aura une route pour le reste de son peuple, qui sera échappé de l’Assyrie, comme il y en eut une pour Israël, le jour où il sortit du pays d’Égypte.

Au-delà de la poésie prophétique, il apparaît clairement que Dieu est le seul capable d’agir pour le retour des exilés des quatre coins de la terre. Plus encore, l’assèchement du fleuve pour permettre au peuple de le traverser à pieds secs résonne comme le miracle de la mer de Joncs sous la houlette de Moché.

Jérémie, comme Isaïe, est allé plus loin encore lorsqu’il a annoncé le pardon des péchés de son peuple en vertu d’une alliance nouvelle (Jérémie 31) :

31 Les jours viennent — déclaration du Seigneur — où je conclurai avec la maison d’Israël et la maison de Juda une alliance nouvelle, 32 non pas comme l’alliance que j’ai conclue avec leurs pères, le jour où je les ai saisis par la main pour les faire sortir d’Égypte, alliance qu’ils ont rompue, bien que je sois leur maître — déclaration du Seigneur. 33 Mais voici l’alliance que je conclurai avec la maison d’Israël, après ces jours-là — déclaration du Seigneur : Je mettrai ma loi au dedans d’eux, je l’écrirai sur leur cœur ; je serai leur Dieu, et eux, ils seront mon peuple. 34 Celui-ci n’instruira plus son prochain, ni celui-là son frère, en disant : « Connaissez le Seigneur ! » Car tous me connaîtront, depuis le plus petit d’entre eux jusqu’au plus grand — déclaration du Seigneur. Je pardonnerai leur faute, je ne me souviendrai plus de leur péché.

Le retour des Juifs aujourd’hui en terre d’Israël marque les esprits aussi clairement que le fit la sortie des israélites du pays d’Égypte. Qui peut encore en douter ?

Et il y a plus qu’une simple migration de gens déracinés qui reviennent sur la terre de leurs ancêtres.

J’en suis convaincu, ces promesses précises sont des certitudes qui ont nourri ceux qui étaient là au commencement, contre toutes les apparences du moment. Elles sont encore là pour les acteurs du présent qui, au Berger d’Israël et ailleurs, s’attendent à voir s’accomplir sous leurs yeux les promesses de Dieu pour le Salut d’Israël.

L’histoire d’Israël elle-même est une proclamation de la fidélité de Dieu, une marche prophétique dont les acteurs n’ont pas toujours conscience.

Le Berger d’Israël n’a pas surgi en 1936 à partir de rien ou d’une idée venue de nulle part. Sa naissance et son parcours s’inscrivent dans une réalité prophétique qu’il convient de saisir. Faisons donc un peu d’histoire !

Si l’on avait vécu en cette fin de 18ème siècle, sans doute aurait-on considéré avec dépit l’immense gouffre séparant le peuple juif de son salut.

Depuis des siècles s’étaient creusés entre Israël et son Messie un fossé sans fond et la certitude que rien ne pourrait le combler. Jésus était le nom même par lequel on massacrait les Juifs et un témoin de ce siècle n’aurait pas misé un euro pour que cela change du tout au tout en quelques générations seulement.

Mais le Seigneur avait un plan et plusieurs évènements ont convergé de manière inattendue pour que s’accomplissent les promesses de Dieu.

Le premier a été l’émancipation des Juifs d’Europe, que personne n’attendait vraiment.

En 1789, la Révolution française permet à de nombreuses classes et communautés d’accéder à des droits dont ils étaient privés jusque-là. En 1791, les Juifs de France deviennent des citoyens à part entière de la République. Il faudra cependant plusieurs années avant que cela se traduise concrètement et positivement dans la société française. En 1807, Napoléon donne l’ordre d’enregistrer tous les Juifs dans ce qui deviendra le Consistoire israélite de France. La mesure autoritaire comportait des avantages et des inconvénients, mais personne ne pouvait se soustraire aussi aisément à volonté de l’empereur. L’une des conditions présentées cette année-là et acceptée par la communauté juive à cette époque était de renoncer au statut de peuple, au profit du statut de citoyen français à part entière. Après des siècles de marginalisation et d’incertitude, la plupart des Juifs espéraient que cet effort d’assimilation conduirait à réduire à néant l’antisémitisme dont ils étaient l’objet depuis tant de générations. Le calcul n’était pas forcément dénué de sens, mais, paradoxalement, c’est le contraire qui se produisit. Et par la suite, à trois reprises au moins le statut des Juifs va être contesté. En 1848, au tournant du siècle lors de l’affaire Dreyfus et en dernier lieu avec le sinistre régime de Vichy.

Tandis que les Juifs auraient dû s’assimiler totalement dans la société française et dans toute l’Europe, c’est leur statut de peuple qui sera finalement l’objet de toutes les attaques et à l’origine de nombreux pogroms, notamment en Europe de l’Est tout au long du 19ième siècle. L’émancipation des Juifs d’Europe, loin de conduire à leur dissolution dans la société européenne, a d’abord été une grande illusion, puis une prise de conscience communautaire du peuple juif.

Le deuxième évènement, qui intervient presque en même temps, est le début des migrations massives de populations juives vers ce qui n’est encore que le territoire de la Palestine ottomane, sous souveraineté turque. Les persécutions antisémites jettent sur le chemin de l’exil de nombreux Juifs, notamment d’Europe de l’Est (80 % des 10 millions de Juifs d’Europe vivent en Europe centrale et orientale). Au tournant du siècle, l’affaire Dreyfus va engendrer un renforcement de ce qui était encore qu’un mouvement sioniste politique balbutiant. Beaucoup des Juifs qui fuient l’Europe émigrent vers les États-Unis, d’autres vers la Palestine turque, d’autres encore vers la France, considérée par beaucoup comme un « paradis » pour les Juifs qui viennent y trouver refuge.

Théodore Herzl, en 1897, prophétisera sans le savoir en annonçant la création d’un État d’Israël, refuge pour les Juifs persécutés, 50 ans après.

Les promesses de Dieu relatives au retour des Juifs sur leur terre prennent alors une forme au-delà de l’imaginable. Mais ce n’est que le début d’une sorte de « résurrection » d’un peuple, sans précédent dans l’histoire de l’humanité.

Un troisième évènement concomitant vient bouleverser la perspective de cette période. Il s’agit d’une transformation spirituelle.

Au début du 19ième siècle, un certain nombre de missions chrétiennes protestantes, notamment anglo-saxonnes redécouvrent l’importance de présenter Yéchoua’ au peuple juif, dépeignant le Messie d’Israël sous des traits nouveaux pour bien des Juifs, peut-être même tout aussi nouveaux pour bien des chrétiens.

Cette démarche est bien entendu facilitée par l’émancipation des Juifs et, plus tard, par l’immigration des Juifs partout en Europe occidentale. Mais comment l’impensable est-il devenu possible en quelques années seulement ? Les Juifs devenus citoyens français avaient-ils oublié si rapidement le nom de celui au nom duquel ils avaient été persécutés depuis des siècles ? Sombraient-ils à présent dans un grand aveuglement ?… Ou au contraire tombaient-ils en extase devant une révélation ?…

Il est difficile d’imaginer cette période de grand chamboulement spirituel. En ce début de siècle, le grand deal napoléonien ne comportait pas de « clause secrète » invitant les Juifs à accepter le Messie pour s’assoir ensuite sur les derniers bancs des églises. La redécouverte des chrétiens de leur sauveur juif est sans doute tout aussi transformatrice sur le plan spirituel. Il ne s’agit pas de mettre en œuvre une nouvelle stratégie de témoignage ou d’investir massivement dans une mission opportune auprès des Juifs découvrant les joies d’une nouvelle liberté citoyenne. Nous ne sommes pas dans un « abus de faiblesse » spirituel.

Je pense que la transformation spirituelle des chrétiens comme des Juifs est en ce siècle-là le fruit d’une action libératrice du Roua’h Hakodech — le Saint-Esprit.

Le Messie Yéchoua’ est redécouvert sous les traits de celui qui a toujours été le rédempteur d’Israël et l’auteur du Salut des Nations. Ce n’est encore qu’un commencement, mais nombreux sont les chrétiens et les Juifs à soudainement ouvrir les yeux pour connaître celui qu’ils ignoraient.

Ce témoignage auprès des Juifs, inédit depuis le premier siècle, atteint le peuple d’Israël et un nombre significatif de Juifs acceptent en Yéchoua’ leur Messie. C’est le début de la renaissance du mouvement messianique. Il est même recensé des communautés juives qui reconnaissent spontanément leur Messie en Yéchoua’.

À la fin du 19ième siècle, beaucoup de communautés juives messianiques sont créées aux États-Unis et en Europe de l’Est. Plusieurs organisations juives messianiques voient également le jour.

En 1890, Léopold Cohln, un rabbin installé à New York, reconnaît son Messie par le témoignage d’un chrétien écossais. Quatre ans après, en 1894, l’œuvre de témoignage messianique « Chosen People Ministries » est créée pour partager le message de Yéchoua’ partout dans le monde.

En France, quoique le pays compte un nombre relativement important de Juifs, notamment d’origine étrangère — tous ceux qui fuient les pogroms de l’Est — il n’existe quasiment pas d’organisations messianiques. En 1936, depuis New York, les dirigeants de « Chosen People Ministries » décident d’agir pour venir en aide aux Juifs qui viennent se réfugier en France. Et c’est le pasteur baptiste Henri Vincent qui va répondre à l’appel et mener l’action sur le terrain. Les moyens à cette époque sont plutôt limités et l’assistance des Américains est bienvenue. Avec le soutien d’un Juif messianique d’origine hongroise — André Frankl — il se lance dans l’aventure et crée l’œuvre du Berger d’Israël.

Le travail sera d’abord caritatif. Des chrétiens baptistes de Paris soutiennent l’œuvre par la distribution de nourriture et de vêtements auprès des Juifs réfugiés arrivant à Paris. Ensuite vient la diffusion de la première édition du journal du Berger d’Israël, en Yiddish, puis en français après la guerre. Beaucoup de ces Juifs découvrent pour la première fois qui est Yéchoua’ et l’acceptent comme leur Messie. Rapidement, une petite communauté juive messianique est constituée. Dans l’arrière-salle d’une église baptiste de Paris, ces Juifs messianiques se réunissent le Chabbat et pour les fêtes. La plupart cependant, avec le soutien des chrétiens, partiront clandestinement pour échapper aux rafles ou périront durant la guerre dans la Shoah.

L’œuvre du Berger d’Israël reprendra ses activités après la guerre sous diverses formes, mais toujours conduite par des Juifs messianiques tels André Frankl, André Boulagnon ou Jacques Guggenheim jusqu’en 2002. D’autres figures importantes du mouvement messianique français ont marqué leur temps, notamment dans la seconde moitié du 20ème siècle ; parmi elles, Hillel Pokrzywa et Paul Ghenassia.

Alors aujourd’hui, en 2016, pour notre 80ième anniversaire, ce bref retour sur l’histoire donne un aperçu de ce que Dieu a accompli et de ce qu’il s’apprête encore à faire dans notre génération.

L’émancipation des Juifs ne doit rien au hasard. Pas davantage que le retour des Juifs sur leur terre et la résurrection de l’État d’Israël, signe des temps prophétiques en marche.

Mais ce qui est assurément moins encore un « accident » de l’Histoire est le changement spirituel radical au sein du peuple juif. La reconnaissance par des centaines de milliers de Juifs de Yéchoua’ comme le Messie d’Israël n’a aucune justification humaine et rationnelle. Même aux pires moments, dans la persécution, l’exil, les pogroms, les meurtres de masse et même la Shoah, des Juifs ont continué à espérer la venue du Messie et ont fait la rencontre de Yéchoua’.

En Israël même, depuis 1948, le nombre de Juifs à avoir accepté Yéchoua’ comme le Messie n’a cessé de croître. Aujourd’hui, la controverse autour de Yéchoua’ est devenue un débat interne au judaïsme, un sujet de discussion qui pénètre les milieux les plus religieux.

Les rabbins discutent et se disputent. Certains d’entre eux hésitent, tandis que d’autres franchissent le pas. Ce qui est sûr, c’est que même s’il est loin de faire l’unanimité, le mouvement messianique ne faiblit pas.

Pour beaucoup, des promesses se sont accomplies et d’autres ne tarderont pas à se réaliser. Les premiers signes de ces temps de la fin pointent déjà…

Mais qui l’eût cru il y a 100 ans ?…

Certes, toutes les promesses divines ne se sont pas encore accomplies et nous ne sommes pas encore au bout de nos surprises. Car il ne fait aucun doute que Dieu accomplira toutes ses promesses sans exception, même celles qui pourraient nous laisser sans voix.

Je ne suis pas certain que Colhn, Vincent, Frankl et bien d’autres aient imaginé ce que nous voyons aujourd’hui. Mais ils l’ont espéré et salué de loin sachant que Dieu est fidèle.

En ce qui concerne le Berger d’Israël, 1936 était humainement le pire moment pour se lancer dans une aventure messianique. Mais la foi des pionniers leur a fait voir ce que personne ne voyait encore et surmonter les épreuves au péril de leur vie. Ils font partie à présent de ces témoins que décrit l’auteur de la lettre aux Hébreux (11.13) :

C’est selon la foi que tous ceux-là sont morts, sans avoir obtenu les choses promises ; cependant, ils les ont vues et saluées de loin, en reconnaissant publiquement qu’ils étaient étrangers et résidents temporaires sur la terre.

Ils sont un exemple pour nous à qui ils ont passé le témoin pour aller plus loin et, si Dieu le permet, voir l’accomplissement de toutes les promesses.

Aujourd’hui comme hier, nous partageons les mêmes craintes et le moment n’est pas plus favorable qu’hier. D’autant que nous sommes plus proches encore des temps derniers où se révèlera « l’ennemi » par excellence, celui que le Messie Yéchoua’ détruira par le souffle de sa bouche.

Zacharie 12.10

9 En ce jour-là, je m’efforcerai de détruire toutes les nations qui viendront contre Jérusalem. 10 Alors je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit de grâce et de supplication, et ils tourneront les regards vers moi, celui qu’ils ont percé. Ils pleureront sur lui comme on pleure sur un fils unique, ils pleureront amèrement sur lui comme on pleure sur un premier-né.

Je crois que nous vivons dans la génération qui verra s’accomplir cette parole du Seigneur.

Le prophète Élie n’a pas manqué de foi lorsqu’il n’a vu que le début d’une toute petite réponse de Dieu. Il croyait dans la promesse divine, sans encore la voir s’accomplir :

1 Rois 18 :

41Et Élie dit à Achab : monte, mange et bois ; car il se fait un bruit qui annonce la pluie. 42 Achab monta pour manger et pour boire. Mais Élie monta au sommet du Carmel ; et, se penchant contre terre, il mit son visage entre ses genoux, 43et dit à son serviteur : monte, regarde du côté de la mer. Le serviteur monta, il regarda, et dit : il n’y a rien. Élie dit sept fois : retourne. 44 À la septième fois, il dit : voici un petit nuage qui s’élève de la mer, et qui est comme la paume de la main d’un homme. Élie dit : monte, et dis à Achab : attelle et descends, afin que la pluie ne t’arrête pas.

Peut-être ne voyons-nous rien encore. Peut-être ne voyons-nous qu’un « petit nuage ». Après 3 ans et demi d’un ciel bleu limpide et sans une goutte d’eau, il fallait une bonne dose de confiance pour espérer voir surgir d’un minuscule petit nuage perdu dans le ciel azur un orage et une pluie torrentielle.

Or le prophète Élie était un homme comme nous. Il nous invite à la foi, non au doute.

Au Berger d’Israël, nous prenons comme un appel et une espérance l’ordre : « va et ne t’arrête pas ! »

Nous ne sommes sans doute qu’un maillon dans la chaine des témoins du Messie Yéchoua’. Nos moyens sont humainement limités et pourtant, notre confiance est grande, notre vision large et notre espérance certaine. Notre message est celui des prophètes et du Messie Yéchoua’. Il est venu sauver son peuple, Israël, pardonner ses péchés et apporter la guérison.

Il ne faudra sans doute pas attendre 80 années de plus pour voir se réaliser les promesses de l’Éternel et le Salut qu’il a annoncé.

Puisse l’appel du prophète Osée (6.1-2) être entendu par son peuple :

Venez, retournons à l’Éternel ! Car il a déchiré, mais il nous guérira ; Il a frappé, mais il bandera nos plaies. 2 Il nous rendra la vie dans deux jours ; le troisième jour il nous relèvera, et nous vivrons devant lui.

Soyons aussi réceptifs aux paroles du prophète que les israélites revenant d’exil.

 

Guy ATHIA