ROCH HACHANA – être prêt pour le « jour »
Chaque année, la fête de Roch Hachana revient à même époque comme un anniversaire, celui de l’année nouvelle, en l’occurrence 5780. Encore que tout le monde sait pertinemment que la terre n’a pas été créée formellement ce « jour-là ». Qu’importe, en Israël, c’est un temps festif où l’on communique toutes sortes de choses, comme le recensement de la population du pays, en écho à une ordonnance divine.
Dans la Bible, le premier du mois de Tichri — le 7e mois — correspond à la fête de Téroua’h, appelée aussi la fête des Trompettes, ou encore célébration de la « sonnerie », allusion au son produit par le souffle dans le Choffar, la corne de bélier.
Pour les Juifs partout dans le monde, notamment en Israël, la célébration est nécessairement un rappel ancien qui plonge ses origines dans les Écritures et la vie trépidante des premiers dépositaires de l’Alliance divine.
Le choix des textes lus ce jour-là ne doit rien au hasard. La tradition, lors de Roch Hachana, nous invite à relire ce récit unique et hors du commun de l’Akédah d’Isaac (Genèse 22).
Quoiqu’il existe de nombreux commentaires sur ce texte au demeurant très sobre, il ressort, de l’avis de nombreux rabbins, que cette incroyable épreuve, à laquelle sont soumis Abraham et Isaac, est une préfiguration de Pessa’h et de la mort des premiers-nés.
Il existe donc un lien étroit entre deux évènements majeurs qui marquent les débuts du peuple juif : l’Akédah et Pessa’h.
Les deux récits ont en commun le fait que du sang est versé pour la rédemption. Or sans effusion de sang, il n’est pas possible de trouver grâce devant Dieu. C’est par le sang versé que le pardon est obtenu. Je sais bien que ce genre d’affirmation est plutôt choquant pour beaucoup de gens aujourd’hui. Mais c’est ce qu’affirme la Torah (Héb. 9.22/Lév. 17.11) et toute l’Écriture.
Cela étant, si la fête de Téroua’h résonne comme un avertissement afin que chaque homme se prépare au jugement à venir (lors de Kippour), le sang versé et le sacrifice offert ouvrent un nouvel horizon au croyant qui se réfugie dans le sang versé pour lui.
Or s’il est vrai que plus aucun agneau n’est offert depuis fort longtemps, sur quoi repose alors l’espérance de l’israélite aujourd’hui ?… Sur quel sacrifice ?… Ses fragiles et incertains mérites ?…
Lors de l’Akédah, comme lors de Pessa’h, on ne s’est guère apitoyer sur le sort réservé au bélier pour l’un, à l’agneau pour l’autre. Ces sacrifices étaient assurément des signes prophétiques. Ils annonçaient un sacrifice plus grand et plus excellent susceptible de purifier les consciences une fois pour toutes. Le sang d’un animal pouvait-il vraiment faire l’expiation pour la vie d’un homme ?…
Car le sang versé du Machia’h est celui annoncé par les signes d’antan. C’est lui qui fait l’expiation des fautes de toute l’humanité, conformément à ce que déclare le prophète Isaïe au chapitre 53 :
En fait, ce sont nos souffrances qu’il a portées, c’est de nos douleurs qu’il s’était chargé ; et nous, nous le pensions atteint d’un fléau, frappé par Dieu et affligé. Or il était transpercé à cause de nos transgressions, écrasé à cause de nos fautes ; la correction qui nous vaut la paix est tombée sur lui, et c’est par ses meurtrissures que nous avons été guéris. Nous étions tous errants comme du petit bétail, chacun suivait sa propre voie ; et le Seigneur a fait venir sur lui notre faute à tous.
Certains commentateurs estiment que le « personnage » dont il serait question dans le texte du prophète est Israël lui-même, voire Moïse ou quelque autre personnage. Bien des rabbins reconnaissent cependant en filigrane le portrait du Messie livré en rançon pour notre rédemption.
Le souffle dans le choffar n’est autre que l’appel du Seigneur à être à l’écoute de ce qu’il nous annonce par la bouche des prophètes. Le Roua’h Hakodech nous annonce le Salut d’Israël et de tous ceux qui s’approchent de Lui. À Kippour, le message n’est pas la condamnation, mais la déclaration divine que justice a été faite. Le sang de l’agneau — en la personne du Machia’h Yéchoua’ — a été versé pour expier nos fautes. Mais, comme le déclare David, il n’a pas connu la corruption (psaume 16) et les liens du séjour des morts n’ont pu le retenir. Il est donc revenu à la vie et il est vivant aujourd’hui.
Le son du Choffar le rappelle. Il n’est produit que par le souffle, c’est-à-dire le Roua’h Hakodech. Que personne n’y reste insensible et que du milieu de son recueillement, il goûte à la joie du Salut.
G.A.
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ATHIA Guy
Directeur des publications du Berger d’Israël.
Vice-président de Beit Sar Shalom.
Conférencier et enseignant.