Le Michkan et le Chabbat (BI 572)
Il peut paraître surprenant d’associer la construction du Tabernacle – également appelé Michkan (littéralement « habitation ») – au Chabbat. Et pourtant, ils constituent ensemble des signes complémentaires que l’on ne peut dissocier l’un de l’autre. C’est du reste Moché, au début de la Parachah (Va-Yaqhel[1]), qui établit ce lien.
La description, sur de longs chapitres, de la confection et de l’édification du Michkan peut paraître une lecture un peu stérile et rébarbative.
Le Michkan est construit sur la base d’un modèle vu par Moché dans le ciel et cela n’est pas sans signification.
Il y aurait beaucoup à dire sur les objets composant cet édifice, cependant, pour cette brève méditation, nous relèverons surtout le sens symbolique du Michkan dans sa globalité, de même que sa signification spirituelle en relation avec le Chabbat.
Avant de poursuivre, il convient de rappeler le contexte historique précédant ces évènements et l’état d’esprit des acteurs de cette construction.
Le peuple d’Israël vient de vivre des temps particulièrement forts avec la sortie d’Egypte, les miracles à répétition, l’affranchissement de l’esclavage, la fin tragique de l’armée égyptienne engloutie dans les eaux de la mer rouge, et enfin, le début d’une marche dans le désert.
Les Israélites sortent d’Egypte le 15 du mois de Nissan. Les premières épreuves arrivent cependant rapidement avec le manque d’eau et de pain, de viande aussi. C’est le temps des premiers murmures, des premières rébellions.
Les voilà enfin devant le Sinaï, en plein cœur de l’été. Ils reçoivent une révélation formidable de Dieu qui se manifeste de manière extraordinaire et glorieuse au sommet de la montagne, dans la nuée. Il s’agit d’une vision effrayante et terrifiante tout à la fois.
Seul, Moïse montera sur la montagne pour recevoir les tables de l’alliance. Pour le peuple, ces 40 jours de patience et finalement d’impatience, aboutiront au péché terrible et emblématique du « veau d’or ».
Loin d’être au bout de sa peine, Moïse remonte ensuite sur la montagne 40 jours de plus.
Moïse redescend enfin le jour de Kippour[2], comme pour signifier le pardon effectif de Dieu qui donne à nouveau les lou’hot (tablettes de pierre) en remplacement de celles brisées tantôt. Le sens prophétique de ces évènements a été expliqué dans une précédente étude de la Parachah Ki-Tissa[3].
C’est au lendemain de ce jour que commence la Parachah Va-Yaqhel. Il s’en suivra cette formidable entreprise collective où les Israélites seront amenés d’abord à réunir des matériaux avant d’entreprendre, dans une harmonie qui contraste avec les évènements précédents, la confection et l’édification du Michkan, le Tabernacle dans le désert – Hamichkan bamidbar.
Exode 35.1 à 29.
1 Moïse assembla toute la communauté des Israélites et leur dit : Voici ce que l’Éternel a commandé de faire.
2 Pendant six jours on sera à l’ouvrage ; mais le septième jour, vous aurez un jour consacré, le sabbat, jour férié pour l’Éternel. Quiconque fera quelque ouvrage ce jour–là sera puni de mort.
3 Vous n’allumerez pas de feu, dans aucune de vos habitations, le jour du sabbat.
4 Moïse parla à toute la communauté des fils d’Israël et dit : Voici ce que l’Éternel a commandé :
5 Prenez sur ce qui vous appartient un prélèvement pour l’Éternel. Tout homme au cœur généreux apportera cette offrande prélevée pour l’Éternel : de l’or, de l’argent et du bronze ;
6 (des étoffes) violettes, pourpres et cramoisies, du fin lin et du poil de chèvre ;
7 des peaux de béliers teintes en rouge et des peaux de dauphins ; du bois d’acacia ;
8 de l’huile pour le candélabre, des aromates pour l’huile d’onction et pour le parfum odoriférant ;
9 des pierres d’onyx et (d’autres) pierres pour la garniture de l’éphod et du pectoral.
10 Que tous ceux d’entre vous qui ont de l’habileté viennent exécuter tout ce que l’Éternel a commandé :
…/…
20 Toute la communauté des Israélites sortit de la présence de Moïse.
21 Tous ceux, dont le cœur était bien disposé et l’esprit généreux vinrent apporter à l’Éternel une offrande prélevée pour l’ouvrage de la tente de la Rencontre, pour tout son service et pour les vêtements sacrés.
22 Les hommes vinrent aussi bien que les femmes ; quiconque avait le cœur généreux apporta une boucle, un anneau, une bague, un médaillon, toutes sortes d’objets d’or ; de même tout homme qui fit le geste de dédier de l’or à l’Éternel.
…/…
29 Tous les Israélites, hommes et femmes, dont le cœur était généreux pour contribuer à l’ouvrage que l’Éternel avait commandé d’exécuter par l’intermédiaire de Moïse, apportèrent des offrandes volontaires à l’Éternel.
Les premiers mots de ce récit sont assez inhabituels des dialogues que l’on trouve dans la Torah. La première démarche de Moché n’est pas de présenter directement les oracles de Dieu. Il commence par rassembler (sens du mot Va-Yaqhel) le peuple.
Va-yaqhel Moché êt kol ‘adat bnéi Israël.
1 Moïse assembla toute la communauté des Israélites et leur dit : Voici ce que l’Éternel a commandé de faire.
L’épisode du « veau d’or » a laissé des traces. Le ramassis de gens venu avec les Israélites avait séduit le peuple en amenant celui-ci à se fabriquer un « substitut » de Moché qui, semble-t-il, tardait à redescendre de la montagne.
Les Israélites se sont alors divisés en plusieurs groupes :
- Les participants actifs à ce sacrilège (peu nombreux).
- Les spectateurs passifs de ce sacrilège (les plus nombreux).
- Les Israélites restés fidèles et opposés au premier groupe (peu nombreux, essentiellement les Lévites).
Il est clair que cet épisode malheureux et aux conséquences tragiques, a divisé le peuple et aigri sans doute certains à l’égard d’autres.
Le péché abouti divise, parfois durablement. Il brise les relations, rompt les attaches et fait régresser la communauté.
Une fois le péché pardonné et effacé, il faut quelque chose de neuf pour rassembler, réunir, repartir et faire avancer le peuple dans une nouvelle direction.
La repentance et le pardon permettent certes de faire table rase sur les causes d’une chute aussi brutale. Il n’en demeure pas moins qu’il faut à présent reconstruire sur des fondations nouvelles.
C’est justement là que Moché intervient avec ce projet, qui n’est pas une construction profane, mais qui est l’objet d’un but spirituel éminemment plus grand que les apparences formelles d’une tente, lieu des rencontres de Dieu avec son peuple.
Moché rassemble donc le peuple et lui délivre le message suivant :
2 Pendant six jours on sera à l’ouvrage ; mais le septième jour, vous aurez un jour consacré, le sabbat, jour férié pour l’Éternel. Quiconque fera quelque ouvrage ce jour–là sera puni de mort.
3 Vous n’allumerez pas de feu, dans aucune de vos habitations, le jour du sabbat.
4 Moïse parla à toute la communauté des fils d’Israël et dit : Voici ce que l’Éternel a commandé :
5 Prenez sur ce qui vous appartient un prélèvement pour l’Éternel. Tout homme au cœur généreux apportera cette offrande prélevée pour l’Éternel : de l’or, de l’argent et du bronze…
Les versets 2 et 3 rappellent l’ordonnance du Chabbat, que les Israélites avaient reçu déjà quelques temps auparavant, lors du don de la manne (Exode 16), peu après la sortie d’Egypte et avant le Mont Sinaï. Un étrange rappel cependant à cet endroit, juste avant de donner les directives d’une construction.
La seconde ordonnance, qui lui semble associée, concerne les préparatifs pour la confection et l’édification du Michkan.
Le lecteur peut se demander en quoi les deux sujets sont liés.
Pour les rabbanim, le Chabbat et le Michkan sont indubitablement reliés en ce qu’ils constituent l’un et l’autre deux signes spirituels majeurs pour l’Israélite, comme pour le peuple dans son ensemble.
« ISRAËL A BESOIN D’UN TÉMOIN QUI LE DÉFENDE »
Après le péché symbolique du « veau d’or », le peuple d’Israël a besoin en quelque sorte d’un « défenseur » devant Dieu. La Loi est accusatrice et témoigne contre le peuple en réclamant en permanence justice.
Selon la loi, c’est sur la déposition de deux ou trois témoins qu’un individu peut être condamné devant un tribunal.
Or, en Deutéronome 30.19, il est écrit ceci :
19 J’en prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre : j’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction.
Israël a donc d’une certaine façon contre lui le ciel et la terre comme témoins à charge.
Par ailleurs, Exode 38.21 dit ceci :
21 Voici les comptes du tabernacle, –– le tabernacle du Témoignage –– établis d’après l’ordre de Moïse, par les soins des Lévites, sous la direction d’Itamar, fils du sacrificateur Aaron.
L’expression en hébreu : Hamichkan michkan ha’édout signifie littéralement : le tabernacle où réside le témoignage.
Ha’édout a pour racine ‘éd qui signifie témoin.
D’autres traductions ont parfois « résidence du Statut », mais le sens du terme est bien celui d’un « témoignage » qui réside dans la tente.
Faut-il voir dans cette expression les lou’hot (tables de la Loi) qui témoigneraient en faveur ou contre les israélites ?… Ou s’agit-il d’autre chose, dans une perspective prophétique et salvatrice pour le peuple d’Israël ?…
Au chapitre 40 et au verset 34, le sens du Tabernacle prend toute sa dimension quand la nuée vient résider entre les chérubins, au-dessus du propitiatoire (le couvercle de l’arche), lieu de la rencontre de l’homme avec son Dieu.
34 Alors la nuée couvrit la tente de la Rencontre, et la gloire de l’Éternel remplit le tabernacle.
La nuée et le feu (la nuit) sont peut-être à percevoir comme la grâce et la justice de Dieu qui viennent à la rencontre de l’homme pécheur.
Or la construction sera aussi appelée Hamichkan bamidbar, ce qui signifie le tabernacle dans le désert.
Le mot bamidbar – dans le désert – peut aussi signifier littéralement « dans celui qui parle » ou « dans le parlant ». La racine ici est davar qui signifie parole.
Le Michkan se trouve ainsi en quelque sorte comme mis en relation avec la Parole – sous-entendue de Dieu – une Parole qui est aussi comme un témoin en faveur du peuple.
Revenons à notre texte :
4 Moïse parla à toute la communauté des fils d’Israël et dit : Voici ce que l’Éternel a commandé :
5 Prenez sur ce qui vous appartient un prélèvement pour l’Éternel. Tout homme au cœur généreux apportera cette offrande prélevée pour l’Éternel : de l’or, de l’argent et du bronze ;
Les versets qui suivent énumèrent toutes les bonnes dispositions du peuple pour obéir et réunir tous les matériaux nécessaires à la construction.
Les expressions se succèdent telles : « Tout homme au cœur généreux… » ; « Toute la communauté des Israélites… » ; « Tous ceux dont le cœur était bien disposé et l’esprit généreux… » ; « Les hommes vinrent aussi bien que les femmes… » ; « tout homme qui fit le geste de dédier de l’or… » ; « Toutes les femmes dont le cœur était bien disposé… » ; « Tous les Israélites, hommes et femmes, dont le cœur était généreux… » ; « apportèrent des offrandes volontaires à l’Éternel… ».
Ces bonnes dispositions contrastent avec celles qui ont prévalues lors de la confection du « veau d’or ». A tel point que dans le cas de la collecte volontaire des offrandes, le peuple fait preuve d’une générosité telle qu’il faut lui demander de cesser d’apporter des matériaux afin de bien organiser l’ouvrage (Ex.36.5).
Le Michkan est ainsi divisé en trois parties :
- Le lieu Très-Saint où était l’arche du témoignage avec les lou’hot. C’est le lieu où résidait la gloire de l’Eternel, la Chékhina de Dieu.
- Le lieu Saint où étaient entre autres la « table des pains », l’autel des parfums et le candélabre.
- Le parvis extérieur où était l’autel sur lequel étaient offerts les sacrifices.
- (Un rideau séparait en outre ce lieu de l’extérieur de l’enceinte).
Chacun de ces lieux était séparé du suivant par une porte / rideau.
Dans leur perception globale de la Torah, les rabbanim établissent un lien étroit entre le Michkan, le Mont Sinaï et le Gan Eden.
En effet, après la chute d’Adam et Eve, des kérouvim (des anges) viennent garder l’accès du chemin qui mène à l’arbre de vie. La faute du premier couple humain ferme clairement l’accès au Jardin d’Eden.
Par ailleurs, le Mont Sinaï comportait un chemin dont l’emprunt signifiait la mort pour quiconque, même d’un animal. La montagne était alors le lieu de résidence de la gloire divine, de la nuée de Dieu.
Le peuple s’est en conséquence bien gardé de faire le moindre pas sur ce chemin.
Le Michkan est d’une certaine façon un « Mont Sinaï » en miniature, qui renvoie au mont Sion qui sera bien plus tard le lieu du Temple, et antérieurement le lieu d’un évènement autrement symbolique, l’Akédah d’Isaac (Gn.22).
Les sages juifs, en parlant du Michkan, évoquent trois couronnes d’or que sont symboliquement :
- L’arche sainte = La Torah. En d’autres termes, la Parole immuable de Dieu, la Parole de vérité. L’Emet.
- La table d’or (dans le lieu saint) = Symbole de la royauté. Il s’agit en quelque sorte d’une invitation à manger le pain à la table du roi, c’est-à-dire l’Eternel.
- L’autel des parfums (dans le lieu saint) = Symbole de la prêtrise. Le sacrificateur dont le rôle est celui d’intercéder, fait office de médiateur.
C’est dans ce cadre que la tradition évoque le Michkan comme une porte d’entrée, un chemin qui conduit à Dieu.
Bien plus encore, les sages donnent symboliquement des noms aux trois portes / rideaux qui permettent de passer progressivement du parvis extérieur au lieu Très-Saint, dans la présence divine.
Ces trois noms sont dans l’ordre :
Dére’h / Emet / ‘Haï = Chemin, Vérité, Vie.
Or Yéchoua’ a dit de lui-même en Jean 14.6 :
6 Yéchoua’ lui dit : Moi, je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi.
C’est ainsi que Yéchoua’ indique qu’il est LUI, le moyen donné par Dieu pour inaugurer le chemin et permettre de se tenir dans la présence de la gloire de Dieu.
Il est LUI à la fois la Parole – l’Emet de Dieu – le Roi qui nous invite et le Grand Prêtre qui a inauguré le chemin avec son propre sang.
Comme l’affirme l’auteur de la lettre aux Hébreux :
Hébreux 9:12 et il est entré une fois pour toutes dans le sanctuaire, non avec le sang des boucs et des veaux, mais avec son propre sang. C’est ainsi qu’il (nous) a obtenu une rédemption éternelle.
Le Michkan est donc un signe, l’évocation d’une rencontre, celle de l’homme avec son Dieu, celle de Dieu avec l’homme. Bien entendu, ce Michkan n’est qu’un reflet d’une réalité spirituelle plus grande, qui dépasse les contingences d’un peuple et les limites de la temporalité. Car ce qui se lit en filigrane du texte et des paroles mêmes de Yéchoua’, c’est que le « témoin », le « défenseur » qui ouvre le chemin d’accès à Dieu porte un nom, celui du Machia’h Yéchoua’.
L’Israélite se doit de découvrir « l’autre » Tabernacle, celui dans le ciel, le modèle sur lequel Moché a établi les plans de celui qu’ils ont construit dans le désert (Ex.25.40), pour rencontrer le « témoin véritable » (Apocalypse 1:5 ; 2:13 ; 3:14), celui qui se tient dans le lieu Très-Saint, le Roi-Sacrificateur éternel.
« LE SIGNE DU CHABBAT »
Ce qui nous amène au deuxième signe, antérieur au Tabernacle, que Moché cite en premier et qu’il relie indéniablement au Michkan. A savoir le signe du Chabbat.
Les versets 2 et 3 sont courts, mais traduisent une relation étroite entre les deux signes.
2 Pendant six jours on sera à l’ouvrage ; mais le septième jour, vous aurez un jour consacré, le sabbat, jour férié pour l’Éternel. Quiconque fera quelque ouvrage ce jour–là sera puni de mort.
3 Vous n’allumerez pas de feu, dans aucune de vos habitations, le jour du sabbat.
En hébreu, nous avons une expression singulière, difficile à cerner parfaitement en français :
Aux 6 jours de la semaine correspond un certain travail, Té’assé Méla’ha, une expression qui est en réalité une forme passive du travail. On pourrait aussi dire : L’ouvrage sera fait. Qu’en déduire ?…
Le terme désignant le travail – Méla’ha – est ici directement relié à l’activité de confection du Tabernacle.
Le « travail » en général, ou une quelconque activité, est désigné par un autre mot – ‘avodah – ou encore le verbe ‘asso qui signifie « faire ».
Les rabbanim en ont déduit que pendant le Chabbat, ce sont les travaux liés au Tabernacle qu’il faut proscrire. Ils en répertorieront 39.
Le Chabbat est donc un temps privilégié que même la consécration d’activités propres à la réalisation du Tabernacle ne doit pas altérer.
La forme passive du travail cependant induit pour les rabbins que le sens du travail est avant tout de permettre la subsistance – en quelque sorte gagner sa vie. Le psalmiste le désigne comme l’ouvrage de ses mains (Ps. 128.2). Le travail est alors formellement un moyen et non un but.
La vocation finale du croyant est ailleurs que dans le travail de ses mains pour sa propre subsistance. Elle est en vérité une activité tournée vers les autres, pour le service et la consécration.
Yihéyé la’hem kodech chabat chabbatone
Cette expression recouvre ici l’idée d’un saint Chabbat, comme si le seul terme de Chabbat avait une sainteté inférieure.
Finalement, pour les rabbins, il est un état d’esprit qui permet de vivre les 6 premiers jours comme s’il s’agissait d’un Chabbat et le 7ième jour comme un jour encore plus singulier de Chabbat.
C’est le rapport au travail qui fait la différence : le travail de ses mains et la foi dans celui qui a ouvert le chemin vers la Chékhina.
La Méla’ha est une œuvre collective, c’est pourquoi Moché rassemble le peuple pour entamer la construction du Michkan.
Mais que serait donc cette œuvre collective sans une relation intime et personnelle, un cœur entièrement consacré de chaque Israélite ?
Bien souvent, la frénésie du travail et le cœur tourné vers l’œuvre de nos mains empêchent de voir l’œuvre divine dans son propre cœur et le salut qu’il a opéré pour notre rédemption.
L’observation du Chabbat est donc le signe de notre soumission non à l’œuvre de nos mains, mais à celle du Dieu créateur, notre Père dans le ciel.
Le Chabbat, nous nous arrêtons pour emprunter le chemin qui nous plonge hors du temps, dans la présence de Dieu, dans le Gan Eden, sur le Mont Sinaï, dans le Tabernacle de Dieu dans le ciel.
Toute la semaine déjà, tout en œuvrant de nos mains, notre esprit est ailleurs, il est avec le Seigneur. Lors du Chabbat cependant, c’est tout notre être qui entre dans une autre dimension.
- Comme Moïse dans la nuée.
- Comme Jacques, Pierre et Jean sur la montagne de la transfiguration (Matt. 17:1-13).
- Et bien d’autres encore…
Le Michkan construit dans le désert n’était qu’un reflet, une image imparfaite d’une réalité spirituelle dans le ciel comme le souligne l’auteur de la lettre aux Hébreux (Héb. 8.1-5).
Yéchoua’ nous a ouvert le chemin du Tabernacle dans le ciel pour accéder à la présence glorieuse de Dieu. C’est lui le ‘édout, le témoignage qui nous tient lieu d’avocat devant le Père.
Pour l’heure, nous sommes encore dans notre réalité terrestre, mais bientôt, quand le Seigneur paraîtra, nous goûterons à la réalité céleste, celle qui ne se détruit pas et qui ne prendra pas de fin.
Le Michkan est aussi appelé le Tabernacle dans le désert – Hamichkan Bamidbar.
Autrement traduit, on pourrait aussi dire un sanctuaire dans le parlant ou dans la Parole.
Yéchoua’ est la Parole faite chair – incarnée – qui est venue parmi nous, marchant sur la terre. C’est pourquoi, il nous invite à être nous-mêmes un Tabernacle vivant, une habitation de Dieu en esprit, nous-mêmes des témoins de sa grâce et de son salut.
Guy ATHIA
[1] Parachah VA-YAQHEL : Exode 35:1 à 38:20.
[2] Selon la tradition, mais tout à fait plausible.
[3] Voir CD n°41 sur cette Parachah à la rédaction du Berger d’Israël. Exode 30:11 à 34:35.
Vous aimerez aussi
ATHIA Guy
Directeur des publications du Berger d’Israël.
Vice-président de Beit Sar Shalom.
Conférencier et enseignant.