Kippour : Êtes-vous bien « couvert » ?

Au terme de cette période de 10 jours, entre Yom Téroua’h (Roch Hachana) et Kippour, l’heure du « verdict » a enfin sonné. En effet, beaucoup espèrent, sans trop de certitude, que leur nom sera finalement inscrit dans le livre de vie. Serait-ce cette espérance incertaine qui provoquerait le sursaut de fréquentation des synagogues ce jour-là ? Peut-être.

Les temps ont bien changé depuis l’époque lointaine à présent où le Grand-prêtre entrait avec le sang du bouc — celui désigné par le sort — dans le lieu Très-Saint. Il appliquait alors le sang sur le couvercle de l’arche de l’Alliance, juste entre les deux kérouvim, dans la présence même de Dieu.

Dieu aurait-il cessé depuis de réclamer du sang pour le pardon des péchés ? Les règles auraient-elles été abolies ou changées ? L’homme juif serait-il maintenant astreint à une rigueur rituelle d’une journée de prière et de jeûne ? Dans l’espoir incertain que ses péchés sont effectivement pardonnés ?

En ce temps-là, le peuple était comme suspendu, dans l’attente du « verdict ». Le « fil rouge » était-il devenu blanc ? Le bouc « lâché » pour Azazel avait-il rendu témoignage du pardon de Dieu devant « l’accusateur » ?

Lors d’un précédent article, j’ai eu le retour contrarié de certains lecteurs qui ne supportaient plus que je parle de « sang versé ». L’économie lévitique n’avait été que trop sanguinolente. De nos jours, le pardon des péchés ne pouvait être envisagé sous cet angle, celui de la mort sacrificielle. Qui plus est si le sacrifice est celui d’un innocent.

Kippour vient du terme « kapara » qui signifie couvrir, sous-entendu dans notre contexte, par le sang du sacrifice.

Le sang présenté devant Dieu entre les kérouvim est celui de la justice obtenue pour nous éviter le jugement et la grâce d’être inscrit dans le livre de vie.

Car, c’est une certitude, la grâce de Dieu ne saurait s’exercer sans justice. Mais Dieu est seul souverain pour nous racheter, sans le concours de nos « mérites », au demeurant insuffisants. Ce discours serait-il celui d’un message nouveau et discordant ?

Voici ce que nous pouvons lire dans un ancien siddour :

« Le Messie notre Justice s’est détourné de nous. Nous sommes alarmés, nous n’avons personne pour nous justifier. Il a porté nos péchés et le joug de nos transgressions. Il a été blessé pour nos iniquités. Il a porté nos péchés sur ses épaules. C’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. Dieu tout puissant, hâte le jour de sa nouvelle venue vers nous : afin que nous puissions entendre pour la seconde fois du Mont Lebanon, le Messie qui a pour nom Yenon. »

N’est-il pas étrange de retrouver presque mot pour mot dans ce texte liturgique une partie du chapitre 53 du prophète Isaïe ? Le rabbin Yanaï dans Sanhédrin 98, folio 2 (Talmud), dit du Messie : « Son nom sera Yenon, car il est écrit : son nom durera à jamais ; son nom durera aussi longtemps que le soleil » (Psaume 72.17). Le mot « Yenon », ici traduit par « durer », signifie à la fois « je suis » et « je serai ».

Ah ! Si mon peuple connaissait celui qui le justifie et qui est vivant aujourd’hui. Il est venu avec son propre sang « couvrir » nos injustices, accomplir une parfaite kapara.

G.A.

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ATHIA Guy

Directeur des publications du Berger d’Israël.

Vice-président de Beit Sar Shalom.

Conférencier et enseignant.

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