Roch Hachana 5781 : le souffle du Choffar

À quelques jours seulement de la célébration de Roch Hachana, il faut reconnaitre qu’il règne une certaine inquiétude et que les conditions matérielles de la fête risquent d’être rendues compliquées par les mesures sanitaires en vigueur ou en voie de l’être.

En Israël même, un reconfinement général a été décrété à partir du jour même du début des fêtes de Tichri. Voilà une décision qui va embarrasser beaucoup de monde et désorganiser les familles qui avaient prévu de se retrouver. En France, les mesures annoncées restent relativement confuses et nous ne sommes pas à l’abri de décisions semblables, d’un confinement localisé aux limitations drastiques de rassemblements, même privés. Bref ! Pas de quoi se réjouir sereinement.

Pour certains, la sonnerie du Choffar se fera entendre peut-être à distance, mais l’essentiel n’est-il pas avant tout de la percevoir ? Plus encore, d’en tenir compte pour sa propre vie et de se laisser « avertir » d’une façon ou d’une autre ?

Roch Hachana se superpose à la fête de Téroua’h et c’est habituellement un sentiment de joie mêlée à du recueillement qui traverse les consciences.

Beaucoup s’interrogent sur le sens à donner à cette pandémie qui affecte le monde entier comme rarement auparavant. Plus que le virus lui-même, ce sont les restrictions de toutes sortes et les limitations à nos mouvements qui troublent les esprits et touchent les plus fragiles. Plus insidieusement, la « distanciation physique » entre les individus est venue accentuer le fossé déjà béant entre les hommes. Le masque, dont personne ne peut plus se séparer, ajoute comme une entrave de plus à la communication et l’échange non verbal. Il y a dans les conséquences sanitaires que nous supportons depuis des mois comme le signe d’une réalité qui s’amplifie.

Beaucoup prennent conscience du besoin criant de préserver les liens qui nous unissent. La poignée de main, la bise ou la simple tape sur l’épaule ne sont pas de simples artifices sociaux qui relient un être humain à un autre. Ils nous mettent en réalité à égalité, à une même hauteur les uns des autres. Leurs absences auxquelles s’ajoute une certaine distance ne resteront pas sans effet durable.

La sonnerie du Choffar, que tous entendent, a l’avantage de « rapprocher », de réunir sous une même bannière tout un chacun, du moins pour les Juifs. Le son si singulier du souffle dans la corne de bélier appelle, interpelle l’homme où qu’il se place. Les distances sociales sont abolies et chacun, riche ou pauvre, instruit ou non, jeune ou âgé, se retrouve face à Dieu et sa conscience. Pas d’intermédiaire. Pas de plaidoyer à faire valoir, de mérites quelconques. Qui peut tenir devant l’immensité du Créateur ?

Il est coutume ce jour-là de lire l’Akédah d’Isaac (Genèse 22). Peut-on imaginer ces heures d’angoisse ne sachant pas vraiment qui va payer le prix de la demande divine à offrir en holocauste ? Et quel soulagement quand dans le dos du patriarche se fait entendre le bélier choisi, envoyé par Dieu en lieu et place d’Isaac !

Le son du Choffar est celui du souffle — celui de l’Esprit, le Rouah Hakodech — qui rappelle la promesse que Yéchoua’ a été choisi par le Père pour livrer sa vie pour le pardon de nos péchés. Choquant ?… Assurément. Mais message porteur d’espérance pour celui qui laisse le son du Choffar pénétrer son cœur pour être transformé.

Chana Tova 5781 !

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ATHIA Guy

Directeur des publications du Berger d’Israël.

Vice-président de Beit Sar Shalom.

Conférencier et enseignant.

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