Sur les pas du Messie : Melchisédec — le roi « mystère ». Béréchit 14
L’histoire d’Abraham nous est racontée des chapitres 12 à 24 de la Genèse, un long récit riche de détails et d’épisodes hauts en couleur. Au fil des chapitres, il nous semble faire connaissance assez intimement avec le patriarche. Et pourtant, il y a des évènements — comme celui que nous allons examiner — où nous aurions bien voulu lire les pensées de l’homme de Dieu au cœur de l’action.
Le texte qui nous est proposé pourrait surprendre plus d’un lecteur. En effet, au-delà de la surface d’une histoire assez aisée à comprendre se dissimule une seconde lecture plus énigmatique, sans doute plus prophétique et messianique également. Si Abraham est l’un des personnages clés du récit, d’autres tiennent une place importante, tel le roi de Sodome et surtout un mystérieux roi de Jérusalem, Melchisédec.
Mais avant d’aller plus loin, voyons notre texte. Genèse 14 : 17 à 24.
Après qu’Abram fut revenu vainqueur de Kedorlaomer et des rois qui étaient avec lui, le roi de Sodome sortit à sa rencontre dans la vallée de Schavé, qui est la vallée du roi. Melchisédec, roi de Salem, fit apporter du pain et du vin : il était sacrificateur du Dieu Très-Haut. Il bénit Abram, et dit : béni soit Abram par le Dieu Très-Haut, maître du ciel et de la terre ! Béni soit le Dieu Très-Haut, qui a livré tes ennemis entre tes mains ! Et Abram lui donna la dîme de tout. Le roi de Sodome dit à Abram : Donne-moi les personnes, et prends pour toi les richesses. Abram répondit au roi de Sodome : je lève la main vers l’Éternel, le Dieu Très-Haut, maître du ciel et de la terre : je ne prendrai rien de tout ce qui est à toi, pas même un fil, ni un cordon de soulier, afin que tu ne dises pas : j’ai enrichi Abram. Rien pour moi ! Seulement, ce qu’ont mangé les jeunes gens, et la part des hommes qui ont marché avec moi, Aner, Eschcol et Mamré : eux, ils prendront leur part.
Voilà un récit qui a priori, dans la forme, ne pose pas de grande difficulté de compréhension. En son cœur, trois personnages ressortent particulièrement. Trois hommes très différents les uns des autres.
Le premier est Abraham. Le patriarche porteur du nom de Dieu et récipiendaire de l’Alliance divine. Il est le chef d’un clan important de la région et il est de retour victorieux d’une campagne militaire de premier ordre. Le second personnage est le roi de Sodome. On sait peu de choses sur cet homme, mais il est sans aucun doute à l’image de sa ville, corrompu, grand pécheur et indigne de confiance. Il a été dans un premier temps vaincu par les rois de Mésopotamie, puis libéré par Abraham au terme de la bataille.
Enfin, notre troisième personnage est Melchisédec, un roi et un prêtre du Dieu Très-Haut. On ne sait presque rien de lui, mais il joue dans cette histoire un rôle très important. Ce matin-là, en se levant, Abraham ne se doutait probablement pas que sa journée serait très longue et riche en péripéties. En effet, la journée d’Abraham va se prolonger bien au-delà du coucher du soleil, avec à la clé une révélation de Dieu comme il ne s’y attendait certainement pas.
La matinée s’annonce donc plutôt agréable, mais soudain, survient le grain de sable, l’inattendu. Un homme, rescapé d’une bataille, vient lui apprendre que son neveu Loth a été fait prisonnier lors d’une attaque des rois de Mésopotamie. Cela apparait bien étrange. On ne connait pas le nom de cet homme et on ne sait pas davantage d’où il sort. Toujours est-il que dans la déroute de son camp — celui probablement du roi de Sodome — il pense qu’il serait opportun de prévenir l’oncle de Loth.
Abraham est apparemment suffisamment connu pour qu’un homme perdu sur le champ de bataille prenne la peine — peut-être au risque de sa vie — d’aller prévenir Abraham du sort de son neveu Loth. Est-ce ce dernier qui l’a envoyé, avant d’être fait prisonnier ?… Rien ne l’indique. Mais c’est possible. On se souvient, au chapitre précédent (13), que Loth et Abraham se sont séparés et que Loth a choisi de vivre dans la plaine du Jourdain, aux portes de la ville de Sodome.
Abraham, pour sa part, restera au pays de Canaan et résidera près d’Hébron, entre 40 et 60 kilomètres de là. Dès ce moment, les deux hommes ne se verront sans doute plus très souvent. Toujours est-il que dès qu’Abraham apprend que son neveu est prisonnier de Kédorlaomer, roi de Mésopotamie, il lève aussitôt une armée pour aller le délivrer.
Je suis certain que, comme la plupart des lecteurs de la Bible, vous imaginiez Abraham plutôt pacifique, peu enclin à la violence ; or là, il n’hésite pas un instant. Le texte est explicite et montre un empressement certain du patriarche à entrer en guerre. À aucun moment, on ne voit Abraham prendre le temps de la réflexion ou aller consulter Dieu pour cette affaire. En quelques heures, il mobilise son armée, composée essentiellement de cavaliers, pour poursuivre de nuit une armée sans doute supérieure en nombre.
Les commentateurs sont assez partagés sur cet épisode unique de la vie du patriarche. Certains pensent que Dieu n’approuvait pas cette expédition guerrière, mais le texte biblique ne mentionne pas de réprobation divine et Melchisédec bénit Dieu pour la victoire accordée sur les ennemis d’Abraham.
Le récit nous rapporte donc une curieuse situation qui semble humainement peu réaliste. Ces rois n’étaient pas directement en guerre avec Abraham et ils n’étaient donc pas, en conséquence, officiellement ses ennemis. Aujourd’hui, l’ONU ou la « communauté internationale » se dresserait promptement pour condamner le va-t-en-guerre Abraham.
En réalité, et on l’a bien compris, la seule motivation du patriarche pour prendre ce risque guerrier est d’aller sauver le seul « juste » au milieu de ce conflit — son neveu Loth. Aurions-nous agi de la même manière qu’Abraham ? Serions-nous allés à la bataille pour sauver Loth ?… Pas si sûr. Alors, pourquoi s’étendre ainsi sur Loth et cette expédition militaire d’Abraham plus ou moins controversée ?…
C’est que notre récit de Genèse 14 n’est pas un simple dialogue entre les trois personnages que sont Abraham, Melchisédec et le roi de Sodome. Il y a de nombreux témoins à la scène, à commencer par Loth lui-même. Toute la posture d’Abraham en ces instants vise à renforcer la foi de Loth et témoigner du Dieu vivant auprès d’un grand nombre de personnes.
Contre toute logique militaire, Abraham revient victorieux de la bataille. Il a la légitimité de celui qui vient de remporter une grande victoire, de par l’Éternel. Il est considéré comme un roi, et même comme le roi le plus puissant de la région. Cette victoire militaire est toute entière à la gloire de Dieu et tous reconnaissent que c’est le Dieu d’Abraham qui en est à l’origine. Au terme des combats, le rassemblement s’opère donc dans la vallée de Schavé, appelée aussi la vallée du Roi. Il est probable que ce surnom est donné a posteriori, mais on ne sait pas vraiment de quel roi il s’agit. Quoique les avis soient partagés sur le sujet.
Le Targum (paraphrase du texte) traduit la vallée de Schavé comme la « plaine libre », sous-entendue que cette plaine était libre de tout obstacle, sans rochers ni arbres. Une plaine plate comme la main. Est-il nécessaire de préciser qu’à cette époque, cette plaine n’est pas un désert torride et inhospitalier fait de sable et de cailloux ?
Le Midrash (commentaire rabbinique) indique que cette vallée était désignée comme la « vallée de l’unité », celle où les nations proclament ou reconnaissent le roi, leur roi. D’où peut-être le nom ainsi donné à ce lieu. Abraham a jusque-là marché devant le Seigneur et proclamé autour de lui le Dieu vivant en rapport avec la bénédiction de Genèse 12.3. Je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront ; et toutes les familles de la terre seront bénies en toi.
Il répand la bénédiction de Dieu et il est en même temps protégé par la promesse. Que demander de plus ?…
La victoire est certes acquise. Loth a été libéré, et avec lui une multitude de gens. Le patriarche revient fatigué et goûte à une notoriété qui jusque là lui était plutôt confidentielle. Quel sens donner à cette épopée et cette campagne militaire victorieuse ?… À ce moment-là, Abraham se demande peut-être comment cette journée va se terminer.
Abraham serait-il un roi, comme les autres, avides de conquêtes, de richesses et de gloire ?… Bien sûr que non et cette campagne militaire sera sans doute la seule qu’il mènera de toute sa vie. J’imagine mal quand même Abraham aisément convaincre son entourage que sa seule motivation pour partir en guerre était le Salut de Loth.
Alors bien entendu, la vallée de Schavé se prête bien au partage du butin, mais à peine arrivé, la première des rencontres d’Abraham est celle avec Melchisédec. Voilà notre deuxième personnage de ce chapitre 14. Énigmatique personnage d’ailleurs. On apprend qu’il s’agit du roi de Salem, la future Jérusalem.
Pour l’heure, il s’agit sans doute d’une toute petite bourgade sans renom, habitée par les Cananéens. La tradition juive désigne ce personnage comme étant Sem (fils de Noé), mais rien ne permet de corroborer cette affirmation, notamment les deux autres textes bibliques qui mentionnent son nom. Melchisédec est roi et en même temps sacrificateur du Dieu Très-Haut (en hébreu El Elyion), une expression qui, à cette époque, désigne le Dieu unique et créateur du ciel et de la terre.
Nulle part dans les Écritures, on ne parlera d’un autre roi remplissant les mêmes offices simultanément, sauf à évoquer Dieu lui-même bien entendu… Bien plus tard, lors de la période lévitique, la fonction de roi ne sera pas cumulable avec celle de sacrificateur. Mais ici, l’homme est roi et en même temps sacrificateur. Ce qui, même avant l’ère lévitique, est sans doute inhabituel.
Comment se fait-il que ce roi, serviteur du Dieu Très-Haut – comme Abraham somme toute – ne soit pas mentionné ailleurs dans la vie du patriarche. Salem n’est qu’à une quarantaine de kilomètres d’Hébron. Ils auraient pu se voir de temps en temps et s’encourager mutuellement dans leurs ministères respectifs.
En tout cas, visiblement, Melchisédec est suffisamment reconnu pour être accepté par tous les protagonistes présents. Mais on ne reparlera plus de lui ultérieurement. Il ne ressemble à aucun roi de son temps et à aucun prêtre ou sacrificateur non plus. Dans notre contexte, on comprend, pour le moins, qu’Abraham n’est pas le seul représentant du Dieu créateur dans la région, mais il en est assurément le premier témoin. Et c’est pour lui qu’a lieu ce rendez-vous.
En dehors de ce chapitre 14 de la Genèse, il faudra attendre près de 1000 ans avant que David parle à nouveau de ce Melchisédec dans le Psaume 110 et 1000 années de plus pour que l’auteur de la lettre aux Hébreux le mentionne aux chapitres 5 et 7 de sa lettre.
La théologie chrétienne relève en général un caractère prophétique à ce passage et présente Melchisédec comme une figure de Yéchoua’ (Jésus). Une apparition du Messie par anticipation. Ce qui fait résonner tout autrement cette rencontre avec le patriarche Abraham.
En attendant, un peu comme à l’image de Yéchoua’, l’homme paraît simple dans ses manières et apporte du pain et du vin pour restaurer les combattants fatigués. Le Psaume 110 a, pour tous les commentateurs juifs, un caractère messianique indiscutable et il nous éclaire sur la fonction particulière de prêtre du personnage de Melchisédec.
Yéchoua’ lui-même questionnera ses contemporains à partir des premiers versets de ce psaume pour évoquer la nature du Messie (en Matthieu 22.41).
Comme les pharisiens étaient rassemblés, Yéchoua’ leur posa cette question : que pensez-vous du Messie ? De qui est-il le fils ? Ils lui répondirent : de David. Il reprit : comment donc David, par l’Esprit, peut-il l’appeler Seigneur, lorsqu’il dit : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je mette tes ennemis sous tes pieds. Si donc David l’appelle Seigneur, comment peut-il être son fils ? Personne ne put lui répondre un mot.
La question est restée sans réponse. Mais cela ne voulait pas dire qu’il n’y en eut pas. David évoque ici le Messie « assis à la droite » de Dieu, ce qui en clair est un titre d’égalité avec Dieu, même si peu l’admettent. Il n’y a pas, en la circonstance, de « degré » de divinité différent entre celui assis sur le trône et celui qui se tient à sa droite. D’ailleurs, les Juifs au premier siècle sont unanimes pour désigner le Messie comme de nature éternelle ; or Dieu seul est éternel.
C’est ainsi que nous est rapportée une parole presque anodine de la foule :
Jean 12.34 La foule lui répondit : nous avons appris par la loi que le Messie demeure éternellement…
Peut-être fait-elle allusion à ce qu’évoque le psalmiste. Celui-ci parle du Messie comme « le roi désigné », régnant depuis Jérusalem, et le souverain sacrificateur en même temps, selon un ordre, celui de Melchisédec.
Psaume 110 De David. Psaume. Parole de l’Éternel à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied. L’Éternel étendra de Sion le sceptre de ta puissance : domine au milieu de tes ennemis ! Ton peuple est plein d’ardeur, quand tu rassembles ton armée ; avec des ornements sacrés, du sein de l’aurore ta jeunesse vient à toi comme une rosée. L’Éternel l’a juré, et il ne s’en repentira point : tu es sacrificateur pour toujours, à la manière de Melchisédec. Le Seigneur, à ta droite, brise des rois au jour de sa colère. Il exerce la justice parmi les nations : tout est plein de cadavres ; il brise des têtes sur toute l’étendue du pays. Il boit au torrent pendant la marche : c’est pourquoi il relève la tête.
Dans ce psaume messianique de David, le Messie annoncé est à la fois roi et prêtre, c’est-à-dire sacrificateur, mais selon un ordre divin et intemporel supérieur, celui de Melchisédec, qui en l’occurrence se distingue de l’ordre limité et temporaire d’Aaron. Les fonctions de roi et prêtre sont cumulées en la personne du Messie qui, dans notre psaume, revient victorieux de la bataille pour étendre sa royauté sur la terre entière.
Et ce Messie est bien le « fils » comme le confirme l’auteur de la lettre aux Hébreux quand il cite en Hébreux 5.5, deux paroles de David reconnues comme prophétiques et messianiques ; le psaume 2.7 et le psaume 110 : Et le Messie ne s’est pas non plus attribué la gloire de devenir souverain sacrificateur, mais il la tient de celui qui lui a dit : tu es mon Fils, je t’ai engendré aujourd’hui ! Comme il dit encore ailleurs : tu es sacrificateur pour toujours, selon l’ordre de Melchisédec.
Et il ajoute en Hébreux 7 : En effet, ce Melchisédec, roi de Salem, sacrificateur du Dieu Très-Haut, — qui alla au-devant d’Abraham lorsqu’il revenait de la défaite des rois, qui le bénit, et à qui Abraham donna la dîme de tout, — qui est d’abord roi de justice, d’après la signification de son nom, ensuite roi de Salem, c’est-à-dire roi de paix, — qui est sans père, sans mère, sans généalogie, qui n’a ni commencement de jours ni fin de vie, — mais qui est rendu semblable au Fils de Dieu, — ce Melchisédec demeure sacrificateur à perpétuité. Considérez combien est grand celui auquel le patriarche Abraham donna la dîme du butin.
Concrètement, on ne connaitra par la suite que la sacrificature selon l’ordre d’Aaron. Un ordre qui selon les sages du Talmud n’avait pas vocation à être éternel, mais à conduire à l’ère messianique. Il a du reste pris fin avec la destruction du Temple. L’ordre selon Melchisédec se distingue par son antériorité et son caractère éternel. Une caractéristique qui le place au-dessus de l’ordre d’Aaron.
Nous n’avons pas le temps de nous étendre sur le sujet, mais ici, en Genèse 14, Melchisédec, sous les apparences simples d’un roi-prêtre issu d’une petite bourgade encore bien peu connue, est en réalité le personnage le plus important de notre récit. Il est une figure prophétique du Messie et prononce une bénédiction au nom de l’Éternel qui rend témoignage à Abraham hors du cadre de la promesse.
C’est la première fois qu’Abraham est confirmé dans son rôle prophétique par le roi-prêtre Melchisédec qui, en quelque sorte, lui donne une onction officielle, devant les témoins des Nations. Mais cela serait sans doute peu de choses si Abraham, le bénéficiaire des promesses divines, ne confirmait pas lui-même Melchisédec dans son rôle de prêtre en lui accordant la dîme de tout le butin.
Par son geste, il reconnait qui est véritablement Melchisédec et il lui rend l’honneur qui lui est dû. Notons ici que, pour Melchisédec, la fonction de sacrificateur est d’un autre ordre — d’une autre dimension — que pour Abraham qui avait sans aucun doute déjà offert lui-même des sacrifices sanglants à l’Éternel.
Ainsi donc, Abraham et Melchisédec se rendent témoignage mutuellement, confirmant le rôle respectif de chacun dans le plan de Dieu. Et ils agissent ainsi devant les Nations qui reçoivent leur témoignage. La victoire militaire est sur le plan prophétique celle du Messie qui l’emportera dans le futur sur toutes les nations venues s’opposer aux « justes », à l’exemple de Loth.
La vallée du Roi est peut-être bien une appellation par anticipation quand les Nations reconnaitront leur roi en la personne du Messie-Sauveur. Contrairement à ce qu’affirme Rachi, le pain et le vin ici mentionnés ne sont pas juste une manière de soulager la fatigue ou la soif du patriarche. Il y a davantage.
Le pain et le vin apportés par Melchisédec sont de l’avis des commentateurs juifs, une préfiguration des sacrifices offerts dans l’économie lévitique. Je suis tenté d’ajouter que la présentation associée du pain et du vin est presque systématiquement dans la Torah une allusion prophétique au sacrifice du Messie pour la rédemption du peuple.
Du reste, pour un sacrificateur comme Melchisédec, reconnaissant la victoire de l’Éternel sur les ennemis d’Abraham, on aurait pu imaginer qu’il entreprenne d’offrir un agneau ou un taureau en sacrifice de reconnaissance. Il n’en fait rien.
Ce qu’il apporte est donc autrement plus symbolique et Abraham l’a sans doute bien compris. Du pain et du vin. L’un et l’autre ne sont pas les symboles uniquement des sacrifices offerts au quotidien, mais DU SACRIFICE UNIQUE qui est la source du véritable Salut.
Ce chapitre 14 de la Genèse recèle bien des mystères et une portée prophétique insoupçonnée. La campagne militaire d’Abraham n’était pas une initiative irréfléchie, que trop humaine ou inconsistante. Elle avait un sens profond qui témoigne du cœur du patriarche et de la foi de celui qui avait reçu les promesses.
Abraham cultivait une relation personnelle avec Dieu qui lui permettait de discerner immédiatement l’inconcevable intention de Dieu. Abraham aime profondément la justice et il est prêt à tout pour défendre les « justes ».
Lorsqu’un homme vient lui annoncer que Loth a été fait prisonnier par les rois de Mésopotamie — lui qui les connait sans doute bien (puisqu’il en vient) ; il saisit immédiatement que c’est Dieu qui lui demande d’intervenir. Au terme de la bataille et de la victoire qui s’étend sur plusieurs pays et face à plusieurs rois, il comprend qu’il est d’une certaine façon le porte-drapeau de l’Éternel bien au-delà du seul pays de Canaan et de son propre clan.
Devant la multitude de témoins réunis dans la vallée de Schavé, il sait aussi que le témoignage de Melchisédec est la réaffirmation devant tous et par l’Éternel lui-même que les promesses de Dieu sont vraies et qu’elles vont s’accomplir sous ses yeux. En offrant la dîme du butin à Melchisédec, il témoigne à Dieu sa reconnaissance et manifeste sa foi en celui qui a fait les promesses.
Le roi mystérieux de Jérusalem, sous les traits de Melchisédec, représente une « miette » importante semée sur le chemin qui nous conduit à connaitre le profil du Messie sauveur. Il nous fallait bien un sacrificateur de haut rang et aux qualités éternelles pour venir au secours de notre faiblesse et nous assurer un accès au trône de la grâce.
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ATHIA Guy
Directeur des publications du Berger d’Israël.
Vice-président de Beit Sar Shalom.
Conférencier et enseignant.