Et si finalement Dieu avait raison? (BI 579)

–       Comment donc en sommes-nous arrivés là ?… À discuter d’un texte des Évangiles qui date de… quoi ? 2000 ans ?…

–       En fait, non ! Le texte dont on parle n’est pas dans l’Évangile, mais dans un livre plus ancien encore. Le livre d’un grand prophète d’Israël : Isaïe. Il a vécu plus de 700 ans avant le début de l’ère commune…

–       Quoi ? 700 ans ?… Mais alors, il n’a pas pu le connaître (Yéchoua’/Jésus) ?…

–       Ben non ! Mais il a parlé de lui.

–       Ben voyons ! Ce n’est pas possible.

–       Bien sûr que si ! C’était un prophète.

–       Un prophète ?…

–       Oui ! Un prophète qui parlait de la part de Dieu. Imagine un peu !

Justement, j’imagine la frustration du prophète Isaïe en rédigeant son livre, plus particulièrement son emblématique chapitre 53. En voici le texte intégral (traduction du rabbinat) :

1 Qui a ajouté foi à l’annonce qui nous a été faite ? Et à qui s’est révélé le bras de Dieu ? 2 Il poussait devant lui, pareil à un faible rejeton, à une racine plantée dans un sol brûlé. Il n’avait ni beauté, ni éclat pour attirer nos regards, ni grâce pour nous le rendre aimable. 3 Méprisé, repoussé des hommes, homme de douleurs, expert en maladies, il était comme un objet dont on détourne le visage, une chose vile dont nous ne tenions nul compte. 4 Et pourtant ce sont nos maladies dont il était chargé, nos souffrances qu’il portait, alors que nous, nous le prenions pour un malheureux atteint, frappé par Dieu, humilié. 5 Et c’est pour nos péchés qu’il a été meurtri, par nos iniquités qu’il a été écrasé ; le châtiment, gage de notre salut, pesait sur lui, et c’est sa blessure qui nous a valu la guérison. 6 Nous étions tous comme des brebis errantes, chacun se dirigeant de son côté, et Dieu a fait retomber sur lui notre crime à tous. 7 Maltraité, injurié, il n’ouvrait pas la bouche ; pareil à l’agneau qu’on mène à la boucherie, à la brebis silencieuse devant ceux qui la tondent, il n’ouvrait pas la bouche. 8 Faute de protection et de justice, il a été enlevé. Qui pourrait décrire sa destinée ? Car il s’est vu retrancher du pays des vivants, les coups qui le frappaient avaient pour cause les péchés des peuples (mon peuple). 9 On a mis sa sépulture avec celle des impies, son tombeau avec celui des [mauvais] riches, quoiqu’il n’eût fait aucun mal et qu’il n’y eût jamais de fraude dans sa bouche. 10 Mais Dieu a résolu de le briser, de l’accabler de maladies, voulant que, s’il s’offrait lui-même comme sacrifice expiatoire, il vît une postérité destinée à vivre de longs jours, et que l’œuvre de l’Éternel prospérât dans sa main. 11 Délivré de l’affliction de son âme, il jouira à satiété du bonheur ; par sa sagesse le juste, mon serviteur, fera aimer la justice à un grand nombre et prendra la charge de leurs iniquités. 12 C’est pourquoi je lui donnerai son lot parmi les grands ; avec les puissants il partagera le butin, parce qu’il s’est livré lui-même à la mort et s’est laissé confondre avec les malfaiteurs, lui, qui n’a fait que porter le péché d’un grand nombre et qui a intercédé en faveur des coupables.

Pour beaucoup de Juifs qui découvrent aujourd’hui pour la première fois ce texte, la réaction première est de se dire qu’ils ont été d’une certaine manière « dupés ». Il y a tant de similitudes entre les souffrances décrites dans ce chapitre et celles de Yéchoua’ évoquées dans l’Évangile que cela en devient vraiment suspect. Ce peut-il véritablement que 700 ans séparent ces deux récits ?…

Le caractère historique des Évangiles n’est plus aujourd’hui discuté et il est difficile d’imaginer l’orchestration délibérée des souffrances et de la mort de Yéchoua’, par lui-même ou ses disciples, dans le seul but de se rapprocher des paroles prophétiques d’Isaïe formulées des siècles plus tôt.

En ce qui concerne le texte d’Isaïe, tous les commentateurs s’accordent pour indiquer l’époque de rédaction du livre autour du 8e siècle avant l’ère commune. Il faut donc se résoudre à comprendre que la « proximité » des textes et de leur contenu est soit fortuite, soit guidée par Dieu. Il existerait donc une intention divine manifeste derrière ce chapitre qui, pour un certain nombre de commentateurs juifs, a un caractère messianique indiscutable.

Le Targum de Jonathan est sans équivoque. Dès le verset 13 du chapitre précédent, il traduit de la façon suivante : « Voici mon serviteur Messie prospérera, il montera et sera très haut placé, il sera extrêmement fort ».

Plus indirectement, dans Yalqut ii57I, le Rabbi Huna conclut étrangement : Les châtiments sont divisés en trois parts : Une part pour David et les patriarches, une pour notre propre génération, une dernière pour le Roi Messie, comme il est écrit : il a été meurtri pour nos transgressions, etc. Une référence directe aux versets 5 et 6 du chapitre 53 d’Isaïe.

Le même rabbi paraphrase encore le texte ainsi : « Il (le Messie) les sauvera de la servitude des Nations. Ils verront le châtiment de leurs ennemis et seront assis avec le butin de leurs rois. Par sa sagesse, il justifiera le méritant, en amenant beaucoup à l’obéissance de la Torah, et il cherchera le pardon de leurs péchés. Ainsi, je partagerai en lui le butin de grandes nations et il divisera le butin de grandes cités, parce qu’il a été prêt à souffrir le martyre afin que le rebelle puisse s’assujettir à la Torah. Et il cherchera le pardon pour les péchés de beaucoup et par lui le rebelle sera pardonné. »

Clairement, les souffrances du Messie sont source du Salut pour les rebelles qui viennent à lui. Le pardon des péchés est à l’actif du Messie conformément aux déclarations d’Isaïe 53.

Voilà un aperçu de la multitude de commentaires illustrant le questionnement d’une foule de rabbins au sujet du Messie en relation avec le chapitre 53 d’Isaïe. Ces commentaires parfois antérieurs au début de l’ère commune ne peuvent être soupçonnés de connivence avec les thèses chrétiennes, pas forcément très connues dans la sphère juive des premiers siècles. Ils sont donc plus nombreux qu’on ne l’imagine à souligner le caractère messianique des chants du Serviteur dont ce chapitre fait partie.

Ceci étant, d’autres restent sceptiques et s’interrogent sur l’étrangeté de certaines descriptions à propos de ce serviteur. Se peut-il qu’il soit un homme, un envoyé de l’Éternel ?… Le Messie par ailleurs annoncé, libérateur d’Israël ?… Auquel cas, que comprendre de ses souffrances, voire de sa vocation à mourir pour le peuple, ou « les » peuples (sujet controversé) ?… À moins qu’il ne s’agisse pas d’un homme, mais du peuple d’Israël lui-même (proposition de Rachi).

Et que penser de ce qu’en disent les chrétiens qui, sans l’ombre d’un doute, croient que le chapitre 53 d’Isaïe parle des souffrances et de la mort de Jésus (Yéchoua’) sur la croix ?…

Le reconnaître ne serait-il pas se faire implicitement chrétien et renier la foi de nos ancêtres juifs depuis des générations ?…

Sauf que le prophète Isaïe n’a pas écrit tout cela pour simplement satisfaire la foi des chrétiens au détriment de celle des Juifs. Après tout, le chapitre 53 d’Isaïe a été rédigé par un Juif et à destination premièrement des Juifs. Et si certains de nos rabbins ont déterminé que ce texte était relatif au Messie, qui sommes-nous pour contester leurs déclarations ?… D’autres rabbins ont des doutes, certes, mais n’est-ce pas justement de notre responsabilité de chercher dans les Écritures ce qui concerne le Messie et examiner si ce que l’on nous dit est vrai ou non ?… Et sur ce chapitre 53 d’Isaïe en particulier ?…

Les chrétiens ont reconnu l’importance de ce passage a postériori. Leur en ferons-nous le reproche si nous découvrons nous-mêmes aujourd’hui un lien entre d’un côté les souffrances et la mort de Yéchoua’, de l’autre, ce chapitre l’annonçant plus de 700 ans auparavant ?…

Gardons-nous de l’orgueil et restons dans l’objectivité d’un débat entre Juifs, loin de la querelle avec les chrétiens qui par leurs arguments voudraient nous amener dans leur giron. Quelles que puissent être nos conclusions au sujet du Messie d’Isaïe 53, dans un sens comme dans l’autre, nous demeurerons juifs, peut-être même plus enracinés encore dans la foi de nos ancêtres Abraham, Isaac et Jacob.

Venons-en à quelques versets qui posent question. Isaïe 52.13-15.

13 Voyez, mon serviteur prospère ; il s’élève, grandit, est placé très haut. 14 Autant la multitude fut stupéfaite à son sujet, (car il était défiguré au point de n’avoir plus rien d’humain ; son apparence n’était plus celle des fils d’Adam !) 15 autant il fera accourir des peuples nombreux, les rois se tiendront bouche close devant lui, car ce qui ne leur a pas été conté, ils le verront, ils observeront ce qu’ils n’avaient pas ouï-dire.

Étonnant passage qui place le Machia’h au-dessus de tout, très haut placé, au point de concerner des peuples nombreux, bien au-delà de la seule nation d’Israël. Une thématique en réalité commune à de nombreux prophètes et reprise notamment au chapitre 56 par Isaïe. La mission du Machia’h dépasse donc le cadre géographique et politique d’Israël.

Le verset 14 sous-entend que l’apparence du Machia’h va surprendre plus d’un. Sa reconnaissance n’ira alors pas forcément de soi. Ici et en d’autres versets encore, « l’apparence » du Machia’h pose question. D’autant que semblent s’affirmer deux visions opposées du Machia’h, l’une manifestement glorieuse, l’autre paradoxalement plus modeste, marquée par l’humilité, la souffrance et le rejet. Un même homme pourrait-il montrer des traits aussi contrastés ?

Pour bien des rabbins, l’antinomie des deux visions messianiques ne pouvait correspondre à un seul personnage. Ils ont alors imaginé que les textes parlaient de deux Messies différents. Nos versets cependant évoquent une méconnaissance du Machia’h qui, lors de son avènement, surprendra beaucoup.

La fin du verset 15 est interprétée par quelques rabbins comme un signe déterminant que certains – comme le Rav. Lévi Ben Guerchom (1288 – 1340) – voient comme une « résurrection d’entre les morts ».

Un Messie méconnu, rejeté par sa génération, mais dont un signe exceptionnel marque les esprits et ferme la bouche des grands de ce monde. Voilà qui surprend et dénote d’avec le discours habituel que nous avons pu entendre au sujet du Messie attendu jusqu’à présent.

Plus loin, au verset 2 et suivants du chapitre 53 :

« Il n’avait ni beauté, ni éclat pour attirer nos regards, ni grâce pour nous le rendre aimable. » N’est-ce pas ce qui a caractérisé la vie de Yéchoua’ ?… Il n’avait pas une apparence exceptionnelle, ni une situation économique enviable. « Méprisé, repoussé des hommes, homme de douleurs, expert en maladies, il était comme un objet dont on détourne le visage, une chose vile dont nous ne tenions nul compte. » L’accueil qui fut réservé à Yéchoua’ a été fort contrasté, mais il est clair que la plupart de ses contemporains vont le rejeter totalement et mépriser son message dérangeant. Yohanan (Jean) comparera ce rejet à celui de la lumière par les ténèbres : Jean 1.1 et suivants :

« Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. 2Elle était au commencement avec Dieu. 3Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle. 4En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes.

5La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point reçue. 6Il y eut un homme envoyé de Dieu : son nom était Yohanan (Jean). 7Il vint pour servir de témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui. 8Il n’était pas la lumière, mais il parut pour rendre témoignage à la lumière. 9Cette lumière était la véritable lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme. 10Elle était dans le monde, et le monde a été fait par elle, et le monde ne l’a point connue. 11Elle est venue chez les siens, et les siens ne l’ont point reçue. »

« Et pourtant ce sont nos maladies dont il était chargé, nos souffrances qu’il portait, alors que nous, nous le prenions pour un malheureux atteint, frappé par Dieu, humilié. » Le malentendu a été total. Yéchoua’ a été pris pour un homme de bien certes, mais quelque part malchanceux, opérant des miracles et donc, d’une certaine façon, portant les « maladies » et les « souffrances » du peuple, mais n’accomplissant pas les commandements.

C’est pour cette raison que beaucoup ont cru peut-être que sa crucifixion par les Romains était comme une punition divine.

« Et c’est pour nos péchés qu’il a été meurtri, par nos iniquités qu’il a été écrasé ; le châtiment, gage de notre salut, pesait sur lui, et c’est sa blessure qui nous a valu la guérison. » Ce verset 5 présente le sacrifice d’un innocent pour les hommes coupables. Bien plus, la « guérison » et même le pardon imposent une souffrance extrême. Yéchoua’ a en effet traversé l’épreuve jusqu’à sa mort abominable, lui l’innocent pour les hommes coupables. Dans toute la Torah, la rédemption est conditionnée au sacrifice d’un innocent pour le coupable. Lorsqu’il y avait encore le Temple, le sacrifice d’un agneau innocent servait à faire l’expiation pour l’homme pécheur. D’ailleurs, nous nous rappelons tous les ans que l’histoire de Pessa’h commence par ce sacrifice indispensable de l’agneau innocent sans quoi, c’est le coupable qui doit payer de sa vie pour sa faute.

Dans notre chapitre 53, Isaïe annonce que le Messie va livrer sa vie pour le pardon des péchés. Comment cela est-il possible ?… Faut-il qu’un homme meure pour d’autres hommes ?… N’est-ce pas contraire à la pensée divine ?… Que du sang soit versé est déjà difficile à admettre. Que le sang d’un innocent coule est encore moins aisé à accepter. Alors la mort en sacrifice expiatoire d’un homme…

À ce sujet, je vous renvoie à l’article paru dans le Berger d’Israël n° 578 « L’Éternel pardonne ton péché… » ainsi que celui dans le n° 557 « Il fallait qu’un homme meure… » qui traitent tous deux de ce délicat problème dans la Torah[1].

« Nous étions tous comme des brebis errantes, chacun se dirigeant de son côté, et Dieu a fait retomber sur lui notre crime à tous. » Sans conteste, les brebis errantes sont les enfants d’Israël qui chacune marche loin de Dieu et dans ses propres voies. Tous sont criminels et tous sont rachetés par celui sur qui Dieu fait retomber notre crime.

Reste à savoir qui est ici le « lui » sur qui retombe le crime des enfants d’Israël. Si l’on suit la proposition de la majorité des rabbanim qui pensent que ce chapitre a un caractère messianique, celui qui, par Dieu, porte notre crime à tous est le Messie. Certains suggérant que, dans ce passage, le Messie est identifié au peuple d’Israël, rencontrent une difficulté majeure. Le peuple d’Israël ne peut pas être à la fois l’objet et le moyen du rachat. Les brebis errantes ne sauraient se racheter elles-mêmes.

D’autres proposent que le « lui » soit l’Éternel lui-même qui assure le rachat des « brebis errantes ». Quoi qu’on en pense, le texte seul ne permet pas de trancher formellement sur cette dernière proposition. Ce qui est certain en revanche, c’est que la notion de rachat dans l’économie lévitique impose que le sacrifice offert en substitution soit sans défaut, parfait. Si le Messie assume pleinement cette fonction expiatoire, il est clair que celui-ci est conformément à la Torah, sans péché, irréprochable quant à la Loi.

D’autres parmi nos maîtres ont pensé que Moché pouvait être le Messie. Revenu à la vie ?… Mais même si Moché est respectable à bien des égards, il n’est pas sans avoir péché.

Yéchoua’ a de son côté vécu une vie exemplaire qui de l’avis de tous était irréprochable quant à la Loi. Ce n’est d’ailleurs pas sur un point de la Loi qu’il a été condamné.

« Maltraité, injurié, il n’ouvrait pas la bouche ; pareil à l’agneau qu’on mène à la boucherie, à la brebis silencieuse devant ceux qui la tondent, il n’ouvrait pas la bouche. 8 Faute de protection et de justice, il a été enlevé. Qui pourrait décrire sa destinée ? Car il s’est vu retrancher du pays des vivants, les coups qui le frappaient avaient pour cause les péchés des peuples (mon peuple). » La mort du Messie, sous-entendue par l’expression il a été enlevé, et confirmée plus loin par la phrase il s’est vu retranché du pays des vivants, est celle d’une brebis muette, innocente et faible que l’on mène au sacrifice pour l’expiation des fautes du peuple. L’arrestation, le procès et la mise à mort de Yéchoua’ se sont déroulés sans que ce dernier ne proteste ou ne résiste. Ces versets se sont accomplis littéralement. La version du rabbinat préfère traduire le mot en hébreu עַמִּי (‘ami) par « les peuples » tandis qu’il signifie « mon peuple ». Suggèrent-ils qu’il manque un mèm à la fin du mot transformant le sens ? Rachi[2], en effet, pense que le Messie dans ce verset est le peuple d’Israël. Traduire par « mon peuple » rendrait forcément incohérente sa proposition.

« On a mis sa sépulture avec celle des impies, son tombeau avec celui des [mauvais] riches, quoiqu’il n’eût fait aucun mal et qu’il n’y eût jamais de fraude dans sa bouche. » Il est quasi impossible d’imaginer le Messie, identifié au « peuple d’Israël », dans ce verset 9. En effet, Israël n’a à aucun moment dans les Écritures été qualifié de la sorte, sans fraude dans la bouche et sans mal dans ses actions. Au passage, le terme « mauvais » n’est pas dans le texte en hébreu. Par contre, Yéchoua’ a bel et bien été inhumé dans la tombe d’un riche (Matthieu 27 : 57-59).

« Mais Dieu a résolu de le briser, de l’accabler de maladies, voulant que, s’il s’offrait lui-même comme sacrifice expiatoire, il vît une postérité destinée à vivre de longs jours, et que l’œuvre de l’Éternel prospérât dans sa main. »

De ce verset, il ressort clairement que Dieu est à l’initiative pour agir de concert avec son Messie. La souffrance et les maux subis par le Messie ne sont pas le fait « accidentel » des hommes de son peuple. Il apparaît que c’est Dieu qui les a voulus et cela nous échappe quelque peu. Il demeure l’intention divine que le Messie s’offre de lui-même en sacrifice expiatoire. La proposition peut surprendre, et pourtant. La Loi présente le sacrifice expiatoire comme offert par un tiers pour le coupable confessant sa faute. Ici, le « sacrifice » s’offre en quelque sorte lui-même, à l’initiative divine.

L’hypothèse marquée par la conjonction « si » suppose une volonté indépendante du Messie pour s’offrir en sacrifice expiatoire. Celle-ci sera confirmée au verset 12.

« Délivré de l’affliction de son âme, il jouira à satiété du bonheur ; par sa sagesse le juste, mon serviteur, fera aimer la justice à un grand nombre et prendra la charge de leurs iniquités. » Le fruit de l’œuvre du Messie est manifestement le pardon des iniquités et la transformation radicale du cœur de ceux qui auront reconnu en lui le « juste ». Le plus étonnant est qu’ici, le Messie ayant choisi de devenir « sacrifice expiatoire » est vivant et jouit d’un bonheur avec ceux qu’il a attirés à lui. Cela sous-entend que le Messie est mort et ressuscité et que son sacrifice a été agréé par Dieu. La convergence avec la mort expiatoire de Yéchoua’ présentée par ses disciples interroge le lecteur.

« C’est pourquoi je lui donnerai son lot parmi les grands ; avec les puissants il partagera le butin, parce qu’il s’est livré lui-même à la mort et s’est laissé confondre avec les malfaiteurs, lui, qui n’a fait que porter le péché d’un grand nombre et qui a intercédé en faveur des coupables. » Le prophète Isaïe ne laisse pas la place au doute. Le Messie s’est livré lui-même à la mort. Il a été mis au nombre des malfaiteurs et il a porté le péché d’un grand nombre. Enfin, il intercède pour les coupables.

Depuis des siècles, notre tradition a délibérément écarté la proposition que le Messie était Jésus de Nazareth (Yéchoua’). On ne voulait bien sûr pas entrer dans la sphère chrétienne et son interprétation visant à identifier le Messie des Évangiles au Messie du prophète Isaïe. Et pourtant, de manière délibérée, de nombreux Juifs, dont des rabbins, n’ont pas suivi la voie qu’enseignaient nos maîtres. Aujourd’hui comme hier, la lecture du chapitre 53 d’Isaïe pose de nombreuses questions. Et le premier à s’être ainsi interrogé a sans doute été le prophète Isaïe lui-même. Il ne connaissait rien de Yéchoua’ et, tout en s’imaginant la scène, je songe à sa perplexité, sa frustration peut-être de ne pouvoir donner de réponse à ses nombreuses questions. Et après lui, d’autres se sont posé les mêmes questions jusqu’à nous peut-être.

Il y a quelques mois, nous avons publié un livre écrit par un Juif messianique – Mitch Glaser – qui en lisant Isaïe 53 s’est aussi posé des questions. Les mêmes probablement que vous vous posez aujourd’hui à la lecture de ce chapitre. Il a trouvé des réponses qu’il a souhaité partager avec le plus grand nombre, à ses frères juifs en particulier.

Nous vous proposons de recevoir ce livre gratuitement. « Isaïe 53 expliqué ».

Pour cela rendez-vous sur le site : www.isaie53.fr

Ou si vous n’avez pas accès à internet, écrivez-nous à la rédaction du Berger d’Israël. Nous serons heureux de répondre à votre demande.

Le Berger d’Israël – 2 rue des Magasins – F-67000 STRASBOURG – France.

 

Guy ATHIA

[1] Disponible à la rédaction du Berger d’Israël.

[2] Rabénou Chlomo Ytsraki, célèbre commentateur de la Torah au Moyen-âge.

Vous aimerez aussi

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

ATHIA Guy

Directeur des publications du Berger d’Israël.

Vice-président de Beit Sar Shalom.

Conférencier et enseignant.

Les articles les + lus